Une publication scientifique récente[i] fait le point sur la nécessité de mieux connaître les aspects biologiques des parasites et le comportement des animaux-hôtes, afin de développer des méthodes de gestion du parasitisme multidimensionnelles qui varient dans le temps et l’espace.
Augmenter le bien-être animal dans les systèmes de pâturage et dans un contexte de présence de parasites doit être considéré comme une priorité afin d’assurer la durabilité des systèmes d’élevage en plein air. Parmi les mesures mises en place pour contrôler le parasitisme gastro-intestinal, figurent la gestion et la décontamination des prairies, la possibilité d’offrir une diversité floristique prairiale, le pâturage mixte avec différentes espèces d’herbivores, les rotations et la complémentation alimentaire, pour ne citer que quelques pistes. La sélection génétique pour augmenter la résilience des herbivores en présence de parasites peut également être intégrée dans un plan de contrôle holistique, qui aurait pour but de diminuer l’utilisation des molécules antiparasitaires, afin de rendre les systèmes de pâturage plus durables.
Le pâturage augmente le bien-être animal des herbivores domestiques en donnant aux animaux la possibilité d’exprimer un comportement physiologique et naturel, mais cela représente également un risque pour ces animaux. Les maladies causées par les parasites gastro-intestinaux, dont les larves sont présentes dans les pâtures, sont une des causes les plus importantes de problèmes de santé animale; elles peuvent diminuer le bien-être animal et provoquer des pertes économiques importantes. Contrôler le parasitisme se fait usuellement à l’aide de médicaments anthelminthiques (molécules antiparasitaires), mais la baisse d’efficacité croissante de ces molécules à cause de l’augmentation des phénomènes de résistance de la part des parasites, ainsi que la possibilité de contaminer les sols, donnent à ces produits une image sociétale négative et indiquent qu’il est urgent de trouver des alternatives au « tout chimique ».
L’article scientifique met particulièrement l’accent sur les effets que peut avoir le parasitisme sur le bien-être animal: signes de souffrance, et donc états émotionnels négatifs, causés par la faim, la douleur et le malaise. Pour les auteurs, il est donc clair que le parasitisme mal géré peut entraîner de la souffrance animale, qui est pourtant un facteur à prendre en compte si l’on veut assurer la durabilité des systèmes de productions animales. L’accent doit être mis sur la prévention des infections parasitaires, et les traitements devraient être les plus naturels possibles.
Les interactions entre le parasitisme et la nutrition peuvent être analysées selon deux angles différents: premièrement, par l’influence des parasites sur le métabolisme de leur hôte, et deuxièmement, par l’effet de l’alimentation de l’hôte sur les populations de parasites, et la capacité de l’hôte à offrir une résistance aux effets pathophysiologiques de l’infection parasitaire. Toujours selon les auteurs, les herbivores eux-mêmes utilisent différentes stratégies pour éviter ou contrôler les parasites gastro-intestinaux et les effets de ces derniers sur leur corps. Ils pèsent constamment le pour et le contre de leur motivation à court terme pour une nourriture plus appétissante avec les effets à plus long terme sur leur condition physique et prennent des décisions complexes quant à leurs préférences de pâturage. Par exemple, les herbivores savent bien que pâturer les herbes hautes appétissantes proches de dépôts de matières fécales augmente le risque d’ingérer des larves de parasites. A l’occasion, les herbivores peuvent également s’adonner à l’automédication pour diminuer les effets négatifs du parasitisme, en ingérant des aliments qui contiennent des substances antiparasitaires spécifiques qui aideront à éliminer les parasites, tels que les tannins condensés.
Toutefois, et suivant la façon dont le pâturage est géré, les herbivores sont souvent privés de l’utilisation de ces comportements naturels pour éviter ou contrôler les infections parasitaires. Ils ne peuvent pas toujours opérer des choix quant aux lieux ou aux espèces prairiales qu’ils pâturent.
L’augmentation de la résistance de la part de l’hôte vis-à-vis des effets néfastes des parasites est dépendante de l’immunité que l’animal peut établir vis-à-vis des parasites. Cette résistance peut aussi être typique de la race ou, au sein d’une même race, de certains individus. Il semble que cette résistance influence alors le comportement de pâturage.
Les conditions climatiques (ensoleillement, humidité, température) influencent fortement le contrôle du parasitisme chez l’animal-hôte, parce que ces conditions influencent le cycle de vie des larves de parasites dans le milieu extérieur, ainsi que la façon dont les animaux pâturent. Comparés à un pâturage continu, les rotations de prairies et le temps de repos pour certaines parties de prairies qui prennent en compte ces conditions climatiques, permettent une meilleure productivité de l’herbe et une meilleure qualité de la pâture.
Enfin, le co-pâturage ou pâturage mixte, où deux espèces d’herbivores différentes paissent ensemble ou successivement sur la même prairie, apportent des bénéfices en termes de réduction de la contamination de l’environnement et de l’augmentation de la qualité du fourrage.
Pour plus d’informations à ce sujet, vous pouvez contacter Ariane Meersschaert à l’adresse ameersschaert@natagriwal.be ou au 0493 140 510.
[i] Bricarello PA, Longo C, da Rocha RA, Hötzel MJ. Understanding Animal-Plant-Parasite Interactions to Improve the Management of Gastrointestinal Nematodes in Grazing Ruminants. Pathogens. 2023; 12(4):531. https://doi.org/10.3390/pathogens12040531