Le programme agroenvironnemental existe en Wallonie depuis 1995. Passons ensemble en revue les étapes marquantes de son évolution.
1995 – Les débuts
Le premier programme agroenvironnemental wallon est publié au moniteur belge en 1995. Des mesures phares du programme actuel sont déjà proposées : le maintien des mares, l’exploitation tardive des prairies, la mise en place de tournières enherbées, ou encore le soutien aux races locales menacées. Pourtant, peu d’agriculteur·rice·s s’engagent au début. Pourquoi ? A cause de paiements relativement faibles et d’une absence d’encadrement, laissant seuls les agriculteur·rice·s face aux démarches administratives à remplir …
1999 – La Wallonie corrige le tir, les engagements démarrent
Après analyse des raisons de l’échec du programme, la législation est adaptée, avec une rémunération plus juste de ce qui s’appelait alors les mesures agri-environnementales (MAE). Par ailleurs, un réseau de conseiller·ère·s est mis en place, réparti géographiquement dans toute la Wallonie et coordonné par l’asbl Agrenwal. À la suite de ces adaptations, les agriculteur·rice·s répondent présents et les engagements décollent. À l’époque, les conseiller·ère·s remplissent surtout un rôle de support administratif.
2003 – Fin des activités de l’asbl Agrenwal
Si le travail des conseiller·ère·s continue, il se fait dorénavant sans la coordination de l’asbl Agrenwal.
2005 – Apparition des méthodes ciblées : le conseil devient technique
Le programme MAE évolue avec l’apparition de méthodes (et non plus mesures) dites « ciblées ». Ces méthodes doivent faire l’objet d’un diagnostic préalable du conseiller. Pour les méthodes en cultures, celui-ci détermine si la localisation est pertinente et quel cahier des charges doit être appliqué par l’agriculteur·rice pour atteindre les objectifs environnementaux. Pour les prairies, le·la conseiller·ère définit la valeur biologique et la gestion pour qui permettra à la prairie d’exprimer son potentiel biodiversité. Dorénavant, le·la conseiller·ère apporte un appui administratif mais également technique. En parallèle, une série de méthodes sont considérées comme « basiques » : l’agriculteur n’a, par exemple, plus besoin d’un·e conseiller·ère pour s’engager dans les méthodes « couverture du sol pendant l’interculture » ou encore « entretien des haies ».
2013 – Moratoire sur les MAE : coup de froid pour l’agri-environnement
En raison d’une mauvaise planification budgétaire, il n’y a plus de financement pour payer les nouveaux engagements en 2013 et 2014. Un moratoire est donc décrété autour des mae : les agriculteurs ne peuvent plus s’engager pour les méthodes de base. Natagriwal peut donc toujours continuer à travailler, en engageant les agriculteur·rice·s en méthodes ciblées. Néanmoins, il s’agit d’un sacré coup de frein pour l’agri-environnement, et la confiance des agriculteur·rice·s est mise à mal. Le contexte est difficile pour les premières années d’existence de l’asbl.
2015 – La machine met du temps à se relancer
Désormais, les agriculteurs peuvent de nouveau s’engager en MAEC, à savoir les Méthodes Agro-Environnementales et Climatiques. Par ce changement d’appellation, l’accent est mis sur les actions positives sur le climat de la part des agriculteurs engagés dans le programme. Une des principales évolutions est la disparition d’une méthode prisée par les agriculteur·rice·s : la couverture du sol pendant l’interculture. Toujours aussi intéressante sur le plan environnemental, elle est désormais considérée comme une bonne pratique, pour laquelle l’agriculteur n’est plus rémunéré. Cet arrêt explique en grande partie la diminution du nombre d’agriculteurs engagés cette année-là, en plus de l’effet « moratoire ».
2023 – Nouvelle PAC, dernières évolutions du programme
La nouvelle programmation de la politique agricole commune voit quelques changements importants. En effet, outre une conditionnalité renforcée en matière d’environnement, des éco-régimes sont désormais proposés aux agriculteurs. Ils viennent en remplacement du paiement vert de la précédente pac. Comme pour les MAEC, il s’agit d’engagements volontaires, mais qui portent ici sur une seule année. Ils reprennent en partie des éléments de certaines MAEC proposées précédemment :
- les éléments de maillage (haies, alignements d’arbres, arbres ou buissons isolés, mares) sont proposés dans le cadre de l’éco-régime « maillage écologique » ;
- l’éco-régime « cultures favorables à l’environnement » reprend certaines variantes qui étaient auparavant proposées dans la MAEC du même nom : légumineuses fourragères, cultures moins intensives et cultures en mélange.
Pour les MAEC qui restent dans le programme, pas de changements majeurs, mais davantage des évolutions pour améliorer l’efficience des mesures.